La neige artificielle : un excellent état des lieux
Par Manu le 20 mardi octobre 2009, environ 21 h. - Nos sommets - Lien permanent
Pour faire suite au billet très apprécié il y a quelque temps sur la nature et les stations de ski, je vous recommande de lire l'état des lieux tiré par trois membres du Conseil général de l'environnement et du développement durable. Leur rapport très complet permet de mettre à jour de nombreuses carences dans les pratiques et utilisation des ressources d'eau en montagne.
Petit état des lieux, je cite leur rapport (voir la source ci-dessous)
L’enneigement artificiel représente aujourd’hui environ 5 300 ha, soit un peu plus de 20 % de la surface des pistes évaluée à environ 25 000 ha pour l’ensemble des 330 stations françaises. Ces 5 300 hectares sont enneigés artificiellement grâce à la transformation de 19 millions de m3 d’eau en 38 millions de m3 de neige, soit une épaisseur moyenne de neige produite de 70 centimètres pour l’ensemble des stations.
Ces coûts se retrouvent nécessairement dans le prix du forfait : la neige de culture représente aujourd’hui entre 5 % et 10 % du prix du forfait, d’après les auditions de la mission. La mission évalue donc le coût moyen du m3 de neige produite entre 2 et 2,5 €, en tenant compte des amortissements des installations et des retenues collinaires. La puissance totale installée atteint maintenant 262 MW, soit environ le quart d'une tranche nucléaire.
Ce que je trouve très intéressant dans ce rapport, c'est les préconisations très précises qui sont faites à destination des préfets et autres autorités compétentes en la matière. Si l'on veut voir le sujet avancer, ce sont en effet aux législateurs que nous devons demander d'agir, car quelques textes de loi semblent trop légers. Un exemple criant :
Les volumes fournis par les réseaux d'eau potable sont inconnus
Car sur les 19 millions de m3 d'eau prélevée pour faire de la neige artificielle, une partie provient des réseaux d'eau potable (on sait qu'à Autrans c'est le cas)... mais aucune donnée n'est disponible sur le sujet !
Le rapport pointe également du doigt les installations de retenues, de plus en plus grandes, Des exemples analysés montrent les problèmes que ces installations peuvent poser.
Elles présentent des caractéristiques qui accroissent les risques pour la sécurité publique
Ils identifient ensuite les impacts des installations d'enneigements, soulignant une absence d'études d'impacts de ces constructions.
Plusieurs associations de protection de l'environnement regrettent l'absence d'études paysagères pour les retenues d'altitude. De façon générale, selon les témoignages entendus, la protection des paysages est assez mal prise en compte dans les projets d'enneigement artificiel.
Je ne saurais trop vous conseiller de jeter un œil attentif à ce rapport, vous constaterez que l'industrie du ski artificiel porte gravement atteinte à l'environnement montagnard. Dossier à suivre, bien entendu !
Pour télécharger gratuitement le rapport.
Les éclairages de Moutain Wilderness sur ce dossier
Les auteurs pointent la très mauvaise manière dont sont gérés les dossiers, mais aussi questionnent l'avenir du tourisme en montagne. La preuve est faite : on peut continuer à faire tous les rapports qu'on veut, à signer toutes les chartes de bonne conduite possibles et imaginables, l'évolution n'aura lieu que si élus et stations y sont contraints.
Commentaires
Neige ou neige, ça reste de la neige! C'est-à-dire de l'eau.
Prélevée ou retenue, quand elle fond elle revient, comme la neige naturelle, dans les nappes, torrents et rivières.
A part l'énergie dépensée pour la fabriquer, qu'on arrête de nous prendre la tête avec les m3 prélevés (empruntés le temps d'un hiver).
Je me bidonnerais si !!!! mes impôts ne servaient pas à financer les actions des associations qui se veulent des défenseurs de l'environnement.
sauf que, si vous voulez bien vous "prendre la tête quelques minutes" lisez ceci
"Dans certains cas, l'approvisionnement en eau potable est même en danger.
Entre 2001 et 2003, l’Institut de recherche Cemagref de Grenoble/F et l’Université de Turin/I ont réali-sé une étude sur le SNOMAX et sur ses répercussions sur l’environnement.21
Ils ont constaté que la neige artificielle produite par le SNOMAX contient une quantité de microorganismes bien supérieure à la moyenne. Le SNOMAX créée des conditions nutritives idéales pour la reproduction des microorga-nismes contenus dans l’eau transformée en neige artificielle. En cas d’emploi d’additifs comme le SNOMAX, la qualité de l’eau utilisée revêt dès lors une grande importance. En outre, l’eau utilisée pour l’enneigement artificiel contient beaucoup plus de sels minéraux que la pluie ou la neige, et elle engendre souvent un effet fertilisant indésirable. C’est également le cas lorsqu’on utilise de l’eau po-table.
Le prélèvement de l’eau dans les rivières et les ruisseaux provoque un risque d’épandage de substances nocives et d’agents pathogènes, qui peuvent porter atteinte non seulement à la végétation et au sol, mais aussi aux sources et aux nappes phréatiques (Cernusca 1992 ; Umweltbunde-samt Österreich 1992).
Une étude du SLF (2002) montre que les pistes enneigées artificiellement peuvent donner lieu à une augmentation considérable de l’eau d’écoulement au printemps. Les surfaces testées par le SLF ont fait apparaître une augmentation moyenne par mètre carré de 360 litres d’écoulement par rapport aux surfaces témoins non perturbées, et ce, du fait de la présence de neige artificielle."
suite ici http://www.cipra.org/fr
Merci pour cet état des lieux. En effet, la qualité de l'eau est fortement perturbée par les substances utilisées.
Il me semble toutefois que le SNOWAX a été abandonné et interdit en France ? Qu'en est-il réellement ?